Fleur de Saule était en train de se prélacer sur un gros rocher couvert de neige dans la clairière du Clan des Bois. La tête dans les nuages, le silence étouffant l’aidant à réfléchir. Peu de chats vaquaient à leurs occupations car seuls quelques individus faisaient partis des Bois et ceux-ci n’osaient point déranger la féline qui avait pris, en quelques sortes, le rôle de meneuse. La lieutenante à la robe terne, en cette rude mauvaise saison, se débattait avec une multitude de sentiments. S’ils avaient été charnels, Fleur de Saule aurait bien commencé une escarmouche elle!
L’amour, premièrement. L’amour fou pour un guérisseur du Clan de la Rivière. Mais cet amour pour un matou d’un autre Clan était interdit et cruel. Les barrières immatérielles les séparaient, tous, et les condamneraient peut-être à la perte de toute chose. La féline brune et aux yeux d’émeraude n’était même pas sûre si Œil d’If l’aimait ou la considérait seulement comme une amie.
Deuxièmement, l’inquiétude. L’inquiétude de ne jamais revoir sa mère adoptive. Ce sentiment la tenaillait avec plus d’insistance que la famine même. Fleur de Saule avait tout perdu. Tout lien avec sa défunte famille rendu chez le Clan des Étoiles. La femelle au vert regard avait dépêché des troupes pour partir à la recherche d’étoile Marbrée. Elle avait elle-même prévenu les autres chefs de l’absence leur consœur. Finalement, ils n’avaient point eu de nouvelles.
Et pour finir, la tristesse. La tristesse de voir un Camp aussi désœuvré et avec peu de monde en faisant parti. Chaque félidé partirait, un jour ou l’autre, et deviendrait solitaire. Quelle idée de fou de construire un nouveau clan…
Soudain, une voix essoufflée la tira de sa « transe » et dit son nom. C’est tout ce que Fleur de Saule avait entendu de la demande que l’autre individu (de la Rivière à en juger l’odeur) avait proféré la lieutenante des Bois se leva péniblement du rocher, secoua sa fourrure habituellement d’une joliesse incroyable et se dirigea vers la voix, les yeux voilés par une sorte de pellicule brumeuse formé par la fatigue. Celle-ci déclara à la chef qu’elle avait reconnu comme Étoile Dorée : « Qui a-t-il Étoile Dorée? Pourquoi es-tu venu nous voir, les guerriers des Bois et moi? »